Au bout de dix mois d’affrontements, la droite chrétienne phalangiste massacre et rase la Quarantaine, enclave musulmane en quartier chrétien. Ce n’est plus seulement une guerre préventive pour casser les forces progressistes et leur soutien palestinien, mais un premier pas vers la partition du Liban, la répétition générale avant Tell-El-Zaatar. La gauche répond en prenant la ville chrétienne de Damour. Aussitôt intervient le 23e cessez-le-feu. Les combats s’arrêtent : les alliances définitives se mettent en place (droite chrétienne et Syriens contre gauche, Musulmans et Palestiniens). Plutôt centré sur le problème des Chrétiens et de leur rêve de partition ; car c’est de leurs initiatives que dépend l’évolution de la guerre, le film est une description de ce tournant politique et stratégique, à travers des reportages à Beyrouth, à Saïda, où avaient eu lieu les premiers affrontements sociaux, dans la Bekaa, dans des villages de montagne, ainsi que par des interviews de Raymond Lddé, candidat de la gauche aux élections, Michel Khoury, homme politique maronite, Kanal Joumblatt, leader des forces progressistes, le lieutenant Khatib, chef de l’Armée du Liban Arabe, le père Mouanès de l’ordre des moines maronites, etc...
Ce n’est pas un reportage d’actualité, mais un film qui tente de montrer les dessous de la guerre civile libanaise. Que pensent et que disent le milicien phalangiste, le curé appartenant à l’extrême-droite (« Les Gardiens du Cèdre »), le pêcheur musulman de Saïda, le combattant palestinien, le réfugié de la Quarantaine (ce quartier musulman rasé par la droite), celui de Damour (ce village chrétien détruit, en représailles, par la gauche) ? Ce n’est pas simple à suivre, mais c’est parce que le conflit lui-même n’est pas simple. Le mérite du 23e cessez-le-feu est justement de tenter une mise en ordre, et pas d’une manière schématique. Tourné en février 1976, au cours de la plus longue trêve du conflit, le Sim saisit ce moment privilégié pendant, lequel les alliances se sont définitivement nouées. Quand le 23e cessez- le-feu est rompu, les Syriens se retrouveront du côté de la droite libanaise à combattre l’alliance des Palestiniens et des Libanais progressistes. Et cela, jusqu’au bout.
Politique Hebdo 1977