J’ai vécu longtemps dans une petite maison d’un quartier excentré de Bobigny, en banlieue parisienne, à quelques dizaines de mètres d’un hôtel d’urgence. Tous les jours, devant chez moi, je voyais passer des familles dans le plus grand dénuement.
Un jour, mon fils est né. Nous étions maintenant trois à la maison. Je découvrais la paternité. Quelque temps plus tard, l’hôtel social est devenu un centre maternel. Désormais devant nos fenêtres ne passaient plus que des femmes toujours seules avec des poussettes. En voisin du centre, je suis allé à la journée portes ouvertes de l’établissement. Ce jour-là, j’ai découvert qu’il existait des endroits où des femmes apprenaient à être mères de leur enfant.
Je n’ai pas pu tourner mon film dans ce centre maternel. J’en ai cherché un autre. Il en existe au moins un par département. En 2012, j’ai reçu l’aval de la direction d’un établissement à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen. Ce n’était pas pas un centre maternel mais un centre parental accueillant des parents isolés - les hommes seuls restent l’exception et des couples et leur enfant.